Un océan entre nous
L'une est en Pennsylvanie, l'autre à Madrid. La nièce et l'oncle. Et chacun son regard. Un océan nous sépare mais le plaisir d'écrire nous rapproche !
lundi 14 février 2011
"Les WC changeront la face du monde" (réplique culte dans Hercule, version Disney... chacun ses références !)
samedi 22 janvier 2011
La mésange est revenue
Je me suis souvenu alors de notre enfance et des mésanges qui nichaient dans la vieille pompe toute rouillée du jardin. Nous soulevions délicatement le couvercle pour regarder mère et petits au creux d'un lit douillet. Tous les ans, c'était un rendez-vous.
Remontant dans la maison, je tombais sur un magazine de ma fille. En couverture du premier de la pile : les mésanges ! Amusant. Pourquoi tout à coup toutes ces mésanges ? Le soir même, nous partions dans le Nord chez des amis. Dans l'entrée, un tableau : les mésanges ! Un signe ? Sûrement, le tableau devait être là depuis longtemps... Eh bien non : nos amis l'avaient raccroché tout récemment.
On croit ce que l'on veut. Trois fois les mésanges se sont présentées à moi dans la même journée, surgissant de temps aussi anciens que l'enfance. Oui, on croit ce que l'on veut. Mais à moi, ces mésanges m'ont au moins rappelé ce doux temps où Maman nichait avec nous. Je me suis senti appelé à écrire un nouveau poème pour saluer ces anges. J'ai choisi un sonnet et ces alexandrins légers qu'elle aimait tant.
dimanche 19 décembre 2010
Jeudi 16 - Vendredi 17 décembre 2010
4 mois plus tard, moins une semaine. Même aéroport. Mêmes emmerdes. Toutes mes excuses pour ma grossièreté, mais les trucs qui volent appelés avions n’invitent pas toujours à la douceur. Ni à la zen-attitude.
Résumons-nous : je réserve un vol une semaine plus tôt pour pouvoir rentrer en France dire au revoir à ma grand-mère. Jusqu’ici, rien d’insensé - si ce n’est sa disparition, qui reste lointaine et surréaliste. Légère inquiétude tout de même quant à mon premier vol qui décolle de State College, soit la destination qui m’avait valu de passer 9h de plus que nécessaire au charmant aéroport de Philadelphie le 24 août dernier. L’intuition se confirme 5 minutes avant d’arriver à SC, hier après-midi, lorsqu’US Airways me gratifie d’un message vocal m’informant d’un retard estimé à 2h. Je devais décoller à 15h59, arriver à 16h49, et m’envoler enfin pour la France à 18h15. Vous ferai-je le récit de l’angoisse doublée d’exaspération, ou celui de la patience teintée d’épuisement naissant, qui m’étreignirent en ces instants ?... Va pour la patience. Arrivée à l’aéroport, direction la queue déjà conséquente qui se presse, anxieuse, devant les guichets. Une heure plus tard, j’étudie les possibilités avec une employée dont la patience servirait de leçon à n’importe quel passager contrarié. Debout toute la journée à pianoter sur un clavier pour recaser des inconnus sur des vols multiples et variés. J’admire.
Que faire une fois arrivée à Philadelphie (parce qu’il ne servirait à rien de revenir demain. Tous les vols depuis State College sont complets) ? Paris ? Tous les vols qui battent des ailes vers la « cité de l’amour » s’amusent à la simultanéité. Pourquoi ne suis-je pas partie de New York ?... Bruxelles ? 250€ de plus pour avoir le privilège d’être accueillie en territoire belge. Non merci. Ah, le retard est réévalué à 50 minutes. Je prends le risque, j’aurais peut-être le temps de courir attraper mon avion. Que nenni. Passée la sécurité, dix minutes s’écoulent, chargées d’espoir fou... « Le vol numéro 3718 à destination de Philadelphie est annoncé pour 17h30 ». Le temps qu’ils le garent et que tout le monde monte dedans... L’avenir s’assombrit. Ou non ? Le vol pour Paris est annoncé avec du retard, lui aussi. La tension est à son comble. Il n’y a plus qu’à attendre, et prier. Deux activités très en vogue dans les aéroports...
... Comme si monter dans un planeur suffisait à ce qu’il décolle. Quelqu’un pourrait-il aller me chercher Orville, l’albatros de Bernard et Bianca ? Même lui serait plus efficace avec ses lunettes de bouffon et ses atterrissages catastrophiques. Mes compagnons passagers et moi avons dû attendre 1h encore pour que le coucou se mette en
route. Je me suis endormie, réveillée seulement par une douce musique : « Nous commençons notre descente sur Philadelphie... ». Une magnifique vue de nuit sur la ville par le hublot vient mettre un peu de baume à une journée qui avait mal commencé - non seulement par les soucis de retard, mais aussi avec les au revoir émus à certaines personnes que je ne reverrai peut-être (sans doute ?) jamais. L’avion n’en finit plus d’atterrir, et je rallume mon téléphone pour vérifier l’heure : 19h13. Oups. Je dirais même plus : merde. Sortons, sortons vite. Courons, courons vite. Pour rien, évidemment. Le temps d’aller du terminal F au terminal A, nous nous retrouvons tous brebis égarées et sans ailes. Que faire ? Mais pardi, la queue ! Encore et toujours la queue ! Toute l’Europe s’est donné rendez-vous aux « Special Services » d’US Airways : qui pour la France, qui pour l’Ukraine, l’Italie, l’Espagne, ou même les Bahamas (d’accord, des îles pas vraiment européennes, mais bref)... Special Services indeed ! Une mère et son fils ont accaparé une des deux employées présentes pendant 2h, pour rentrer en Ukraine, pays apparemment très peu desservi. Au rythme d’un quart d’heure minimum par client, c’est dire à quelle vitesse nous sommes passés du statut de brebis égarées à escargots sédentaires. Près de 4h plus tard, c’est mon tour. En moins de dix minutes, j’apprends qu’une place a été trouvée pour moi sur un vol Delta, le lendemain à 18h40. Non, je ne tuerai personne ce soir. A ce stade, le soulagement d’avoir trouvé une issue de secours devance la colère, dans la course aux émotions liées à l’attente. C’est probablement ce qui empêche les aéroports de sombrer dans le chaos. Les consommateurs finissent par seulement supplier qu’on les libère des files d’attente qui serpentent en virages serrés.
L’aventure ne s’arrête pas là. Il est plus de 23h30, et j’ai plus de 17h à tuer avant mon décollage - que je considère encore hypothétique. L’option hôtel ne sonne pas particulièrement irrésistible à l’oreille de mon portefeuille, mais c’est compter sans l’esprit de solidarité qui s’instaure entre êtres humains cloués au sol contre leur gré. Une jeune femme russe accepte de partager les frais d’une chambre avec moi - parce qu’ils ne paieraient pas pour l’hôtel, vous comprenez, c’est la faute à Voltaire, et puis à la météo aussi. Le temps d’attraper une salade pour remplir nos estomacs vides depuis le déjeuner et d’appeler le numéro qui nous redistribuera dans un hôtel proche, nous nous retrouvons dans une navette sur l’autoroute qui mène au sommeil. Je n’en reviens pas d’avoir le postérieur posé sur un siège. Mes talons non plus. Le chauffeur n’en finit plus de jacasser, avec un enthousiasme délirant à une heure pareille. Remarquez que cela fait plaisir d’obtenir des réponses à toutes vos questions avec un sourire enjoué. La chambre est propre, deux (presque) grands lits, de l’eau chaude dans la salle de bain, nous n’en demandions pas davantage. Vers 1h, je m’écroule, non sans un petit mail direction la France pour renseigner mes chers parents de mes allées et venues.
Et me voilà, une bonne quinzaine d’heures plus tard, assise près de la porte D16, terminal E, à attendre d’embarquer pour de bon. J’ai dormi tellement profondément ce matin que je n’ai pas entendu ma voisine quitter la chambre plus tôt. J’ai demandé à la navette de me déposer au même terminal que la veille, histoire de m’enquérir du sort de mon bagage de soute. Je le récupère sans grand mal, et attrape la navette même des employés de l’aéroport pour déménager mes quartiers au terminal E, celui des vols Delta. Vous suivez ? L’enregistrement se fait sans embûches, je suis bien confirmée sur ce vol, blablabla. Détour par Skype avant la sécurité. Débarrassons-nous de la bouteille d’eau, de la ceinture, des chaussures, du manteau, sortons l’ordinateur de la valise. Ah, tout seul l’ordinateur dans un casier rien que pour lui ? Décidément, je ne passerai jamais l’exam des détecteurs de métaux parfaitement. Que faire maintenant ? Attendre. Ordinateur. Skype. Conversation à sens unique parce que je n’entends rien. Attendre. Ordinateur. Film. Attendre. Je connais à présent ma porte (d’embarquement). Déménage à nouveau. M’assois. Ordinateur. Traitement de texte. Récit des péripéties des dernières heures. Attente. Patience. Tout près du but.
lundi 13 décembre 2010
Nuit blanche
dimanche 12 décembre 2010
Un palmier sous la pluie
jeudi 9 décembre 2010
Ah ben... et mon avion alors ?!?!
Il faut dire que dans le contexte espagnol des derniers jours, cela ne manque pas de sel. Vous avez sans doute vu et entendu que l'armée espagnole était allé chercher les contrôleurs en grève sauvage dans un hôtel de standing par la peau du (voilà.... du dos, c'est ça !). Moment d'intense bonheur, délicieuse revanche sur tous ces grévistes fumistes qui nous brisent le potiron dans diverses géographies à travers les âges !! Tout fonctionnaires qu'ils sont, ils gagnent 350k€ en moyenne en travaillant deux fois moins que moi, alors forcément cette savoureuse sensation de les savoir de nouveau au travail est d'autant plus justifiée. Ayant poussé le bouchon trop loin, les voilà piégés par leur boulimie statutaire et financière. Ils se plaignent aussi de ne pas être assez nombreux. Forcément, à ce niveau de salaire... Il paraît aussi qu'ils sont stressés, les pauvres lapins. A leur place, je me sentirais plutôt reposé et rassuré sur mon avenir... Non ?
Nous avons prévu notre transhumance bi-annuelle le 22 décembre. Le gouvernement espagnol a évoqué la possibilité de prolonger l'état d'alerte au-delà du 15 décembre. Cela arrangerait bien nos affaires. S'ils pouvaient aussi déclarer l'alerte le jour du retour, ce serait sympa, merci bien. Mais c'est peut-être trop demander ?... Je suis stressé... Je vais me mettre en grève. Et elle sera sauvage aussi, là ! Ren-dez-nous nos-avions !
(légende du dessin : "Le virus de la grève a déjà atteint l'aéroport... Comme tous les étés". "Vol annulé !" "Vol retardé !")